lundi 29 juillet 2013

Possession en Cerdagne

En 1873 paraît à Toulouse un curieux ouvrage, intitulé Le Diable révolutionnaire ou Histoire d'une possédée encore vivante, par le comte Reinilom de Sneruab, en réalité un abbé toulousain du nom de Baurens de Molinier. Ce livre est présenté comme étant la traduction du journal tenu par le curé de Llívia, Esteban Marti, concernant le cas d'une femme possédée par le démon. Baurens a lui-même rencontré le curé et divers témoins de la région pour compléter l'analyse de cette possession. Carmen Trasfi est une jeune cerdane qui vient travailler comme servante chez le curé de Llívia en 1868. Très vite, elle est victime de convulsions, de crises d'hystérie, se met à parler latin avec des voix qui ne sont pas la sienne, se pique avec des clous et ne saigne pas, avale des épingles, des punaises, des cailloux, des allumettes par dizaines, qu'elle recrache indemne lorsqu'on lui fait boire de l'eau bénite. Le curé Marti, d'abord incrédule, finit par conclure au cas de possession. Durant huit mois, il pratique exorcisme sur exorcisme, alors que sont cités au moins une vingtaine de démons qui prennent successivement possession de son corps et parlent à travers elle. Certain démons restent quelques jours, d'autres plusieurs semaines. Ils ont nom Alforgas, Barbas, Botas, Xapotis, Malabestia, Silvirvé-Répropri, Barrué-Ferotgé, etc. Partie à Perpignan, Carmen est internée à l'hôpital et subit la camisole de force. Elle s'en va alors à Prades où elle trouvera une situation plus stable au service d'un pharmacien. Les crises cessent brusquement au bout de quatre ans alors qu'elle décide de se vouer à Saint-Joseph, et l'on n'entendit plus jamais parler de Carmen Trasfi.

Petites histoires des Pyrénées-Orientales
La possédée ou l'exorcisme


Source : Reinilom de Sneruab, Le Diable révolutionnaire ou Histoire d'une possédée encore vivant, Toulouse, Hébrail, Durand & Delpuech Editeurs,1873 (à lire ici)
Image : Jacques Callot [Public domain], via Wikimedia Commons


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